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Une idée ce n’est pas un film

Scène de tournage

Régulièrement on me contacte pour me dire qu’on aimerait discuter avec moi d’un projet de film. Quand je demande des précisions, généralement on me dit qu’on a une bonne idée qui, on le pense, aura du succès. Si tout part effectivement d’une idée, une idée c’est loin, bien loin d’être un film.

Des idées, il y en a à la pelle. Tout le monde en a. D’ailleurs nous vivons dans un pays inspirant où chaque incident, chaque détail pourrait faire l’objet d’un roman ou d’un film. Même dans la banalité d’un quotidien on peut puiser mille sujets. L’idée est une denrée si prolifique que dans la plupart des pays elle ne peut être protégée par le droit d’auteur. Les ingrédients pour faire un film se retrouvent à un niveau supérieur.

Le synopsis est la première étape pour visualiser une idée. C’est généralement un résumé (une à quelques pages) de l’histoire. On y introduit les grandes lignes de l’intrigue et les principaux personnages. S’il permet d’avoir déjà une meilleure perception du projet, il ne présume en rien de la qualité du produit fini. C’est un document de présentation rapide mais qui n’a que peu d’utilité dans la réalisation du film lui-même.

Le véritable socle fondateur c’est le scénario. Il est au film ce que les plans d’architectes et d’ingénieurs sont à l’immeuble en construction. Il peut être plus ou moins détaillé, contenir ou non les dialogues. Mais le scénario c’est de toutes façons beaucoup plus qu’une idée. C’est déjà un travail colossal. Il est admis qu’un scénario de long métrage, avec dialogues et formaté suivant les règles de l’art, c’est un document d’au moins 90 pages.

On peut difficilement s’improviser scénariste. Comme pour les autres métiers du cinéma, cela s’apprend. Il faut déjà au départ un bon bagage culturel et une bonne connaissance de la grammaire cinématographique, en plus d’avoir l’esprit créatif. Le scénario est un genre différent du roman ou de la pièce de théâtre par exemple. Il n’est pas acquis qu’un bon romancier fera forcément un bon scénariste et vice versa.

Le scénario une fois complété permet d’avoir une idée du budget qui est l’autre ingrédient essentiel. L’argent est le nerf de la guerre dit le dicton et il n’y a pas de film sans argent. Il faut prévoir bien sûr les dépenses évidentes: acteurs et actrices, équipements, personnel technique mais aussi les costumes, les décors, le maquillage, l’électricité, le transport, la nourriture… Une production moyenne peut facilement mobiliser une centaine d’individus de compétences diverses.

L’objectif premier du budget c’est d’aider à trouver un financement. Combiné avec le scénario, il permet au producteur ou investisseur potentiel de se faire un vraie idée de l’intérêt du projet et de sa faisabilité. Un dossier complet peut comporter des documents additionnels tels que les traitements narratifs ou visuels, la note d’intention, une fiche technique mais le scénario et le budget sont les ingrédients principaux et les outils de base du coeur de production.

En conclusion, si tout part du souffle des idées, la plupart des aspirants cinéastes, la grande majorité, restent au stade de ces idées. Ils n’ont pas souvent le courage et le talent (car il en faut) pour avancer et porter plus loin leur projet. La réalisation d’un vrai film est un monument de persévérance fait d’avancées et de déceptions. C’est un parcours du combattant où seuls les plus motivés finissent généralement par récolter les fruits de leur entêtement.

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