Dans un sondage réalisé sur ma page Twitter les 2 et 3 avril 2019 et auquel près de 2500 personnes ont participé, j’ai pu constater avec étonnement que le PHTK était perçu par 68% des participants comme étant la plus grande catastrophe ayant frappé Haïti ces dix dernières années, devant le tremblement de terre (28%) et très loin devant le choléra et le cyclone Mathieu qui n’obtiennent qu’un score négligeable. Je parle de perception puisqu’il ne s’agit pas d’un sondage scientifique et dans la mesure où il me paraît difficilement concevable qu’un séisme ayant causé des centaines de milliers de morts et des dégâts incalculables puisse être surclassé dans cette panoplie de l’horreur par l’avènement au pouvoir d’un parti politique qui pour certains avait suscité tant d’espoir. Tentons pourtant une analyse.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et le cyclone Mathieu sont des évènements purement naturels impossibles à éviter. Leurs effets dévastateurs auraient pu cependant être prévenus et limités en prenant les mesures adéquates. L’éducation doit jouer un rôle clé ainsi d’ailleurs que la mise en place et le respect de normes de construction.
Le choléra est un cas particulier. S’il s’agit là encore d’un phénomène naturel, il a été démontré qu’au mieux la négligence, au pire les manquements criminels des Nations Unies ont largement contribué à l’éclatement et à la rapide propagation de l’épidémie. Le facteur humain est ici déterminant et à l’origine même du sinistre. Il ne s’agit plus de culpabilité par omission puisque des actions documentées et vérifiables sont à la source même de la tragédie.
À bien réfléchir, la gestion du pouvoir par les élus du PHTK qui dominent l’essentiel de cette décennie, rassemble bien le pire de ce qui a déjà été ici évoqué. On y retrouve à la fois incompétence et omissions dévastatrices aussi bien que banditisme légal et mafieux associé à des actions lourdement criminelles. Théoriquement responsables du destin de ce pays (développement, économie, santé, éducation…), force est de constater dix ans après, qu’ils l’ont tout simplement ruiné. Dans ce désastre, la nature ne joue aucun rôle mais est remplacé par la méchanceté et la cupidité des hommes.
Aussi cynique que cela puisse paraître, derrière chaque catastrophe il y a au moins une opportunité. Mais dans le cas du tremblement de terre et du choléra, les forces politiques et les élites en général, le PHTK en particulier, ont contribué à dérober à la nation toute chance de se relever. Envolés les fonds de la reconstruction, la crise du choléra n’a pas servi au renforcement de nos système de santé, d’eau potable ou de traitement des déchets. La catastrophe PHTK a ceci de particulier qu’elle s’est nourrie des autres catastrophes, les a parasitées pour créer toute une classe de nouveaux riches.
Il a toujours été difficile en Haïti de quantifier les dégâts. Les données sur le tremblement de terre varient d’une source à l’autre. On apprenait récemment que les statistiques autour du choléra avaient elles aussi été manipulées pour tenter de dédouaner l’ONU de ses responsabilités. On ne saura jamais combien de victimes a fait ou fera encore la misère rose charriée par la mal gouvernance et l’incurie du PHTK, combien sont morts de faim, de manque se soins, de l’insécurité… On a vu des jeunes s’exiler par milliers au Chili, on compte tous les jours des centaines de rapatriés à la frontière, régulièrement un naufrage vient nous rappeler que nos compatriotes choisissent la mer au désespoir. PHTK est devenue la mère d’innombrables catastrophes au quotidien.
C’était pourtant une catastrophe bien évitable. Jamais sur l’arbre à giraumonts a-t-on vu éclore des calebasses. Il ne s’agit plus d’erreur humaine, de négligence mais de choix délibéré. Et quand j’entends des voix demander, soutenir et appuyer la prolongation du cauchemar, je me dis que ces crimes, aussi terribles soient-ils, doivent bien profiter à certains.
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