L’élection de Donald Trump et les gigantesques manifestations qui ont suivi son installation sont une preuve de plus que, partout dans le monde, l’idée même de démocratie souffre d’un mal profond. Comment comprendre en effet qu’un dirigeant fraichement élu soit ainsi immédiatement et aussi populairement contesté ? Le principe même démocratique voudrait que l’élu soit le choix du peuple. Que se passe-t-il donc ?
Idéalement la démocratie ça devrait être le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le peuple délègue ce pouvoir à des représentants qui sont généralement choisis dans des élections. L’élection elle-même n’est pas une condition suffisante de la démocratie. Il faut encore que l’élu comprenne son statut de délégué, uniquement voté pour servir les aspirations de l’ensemble des électeurs.
Le gros problème est que ce système est perverti de diverses manières. D’abord il y a le problème des fraudes électorales, spécialement dans les pays sans vraie tradition démocratique comme Haiti. Là, le principe est vicié à sa base: l’élection elle-même n’est pas représentative des aspirations de la majorité. En fait, elle ne représente que la volonté du ou des fraudeurs. Mais il y a des manières plus subtiles de tromper le système.
Il faut déjà comprendre qu’historiquement le principe démocratique va à l’encontre des intérêts oligarchiques et économiques puisqu’il leur enlève une bonne part de leur pouvoir absolu. Ce n’est plus le poids de classe ou d’argent qui importe dans un système de “une voix, un vote”. L’intérêt exprimé est l’intérêt général qui n’est pas toujours compatible avec les appétits financiers ou de pouvoir de certains groupes minoritaires. Pour se défendre et tenter de conserver leurs privilèges, ils ont élaboré toute une stratégie tout en sauvant les apparences de liberté.
L’idée principale de cette stratégie est de vendre l’élu comme on vendrait un produit: Coca-Cola, Apple ou Mac-Donald. Ce ne sont plus les idées qui comptent mais la puissance de marketing. On vent l’emballage plutôt que le contenu. C’est une approche qui favorise évidemment les forces d’argent puisque c’est généralement le candidat qui trouve les plus gros financements qui est en mesure de gagner. La démocratie se retrouve pervertie par l’argent et ne représente plus en rien l’idéal populaire.
Il est évident qu’un candidat qui arrive au pouvoir dans ces conditions est extrêmement redevable de ses financeurs, quels qu’ils puissent être. L’intérêt de la majorité est donc sacrifié au profit de celui de clans et de groupuscules qui n’ont généralement d’autres buts que l’accumulation des richesses: le fameux “greed” du capitalisme féroce. Il est à noter que durant le processus, la façade reste démocratique alors que les mécanismes sont de domination et de contrôle.
Le problème ne sera pas réglé si on n’arrive pas à dissocier les élections et la politique en général de l’argent. Il faut redonner sa valeur aux idées. Il faudrait revoir la notion de campagne électorale en diminuant le poids des sponsors. L’argent ne lutte jamais que pour davantage d’argent. L’argent seul ne change pas la vie des gens. Ce n’est qu’un des nombreux instruments qui, combiné à la force des idées, peut changer le monde.
Les articles de Richard Sénécal publiés sur ce blog sont protégés par le droit d'auteur. Veuillez nous contacter avant toute utilisation ou reproduction partielle ou totale.
Laisser un commentaire