D’entrée de jeu je précise: je ne suis pas religieux mais je ne suis pas non plus anti-religieux. Je suis un partisan du libre choix. Si le concept de religion vous aide à vous sentir mieux dans votre peau, alors pourquoi pas ? À moi il n’est d’aucune utilité, mais c’est moi. Ceci dit, ce besoin d’une spiritualité organisée et formatée constitue souvent une faiblesse et ouvre la porte à de nombreux abus.
Il y a d’abord cette notion du péché qui est toujours assortie de menaces et de punitions. Tant qu’il s’agit d’un enfer post-mortem, cela peut être tolérable dans la mesure où la supposée expiation est retardée. Mais le chantage est souvent plus immédiat. Si tu ne fais pas ci ou ça, ne corrige pas ceci ou cela, Dieu va te punir. On imagine un Dieu barbu et renfrogné, au visage sévère, brandissant ses anathèmes par la voix du prêtre ou du pasteur. On est loin du Dieu d’amour et de pardon prôné par certains. La notion de péché est elle-même souvent assez flexible. Cela va des choses de la chair (un grand favori) en passant par l’oubli (ou l’incapacité) de s’acquitter de la dîme, jusqu’à la remise en question de l’autorité de l’église. Curieusement cela n’inclut pas forcément les abus ou dérives du clergé lui même (tant qu’ils ne se fait pas prendre la main dans le sac, quand ce n’est pas dans la culotte).
Évidemment le tout est justifié par les innombrables versets de la “parole de Dieu”, une parole tellement flexible et contradictoire qu’elle se prête aux multiples interprétations du prêcheur. C’est donc finalement ce dernier qui décide de ce qui est bien ou mal, de la gravité de la faute et de la peine encourue. Il va sans dire qu’il le fait, le plus souvent, dans le sens de ses intérêts. Il y a eu l’année dernière cette histoire sordide d’adolescente violée, au nom de Jésus, par un pasteur et un évêque. La pauvre enfant, à chacune de ses dénonciations, recevait sur la tête un violent coup de Bible supposé chasser les démons qui lui fourchaient la langue. Cette semaine encore c’est une affaire d’église canadienne qui s’enrichit au détriment des fidèles en les menaçant des foudres de l’enfer sur terre. Nous avons chez nous ces fabriques de miracles et d’anathèmes qui profitent de la crédulité et de la misère morale des fidèles pour se remplir les poches.
Le système d’aliénation est tellement ancré qu’il subsiste même en l’absence d’intervention de ces bénéficiaires directs que sont les membres du clergé. Cela me fait souvent sourire quand je vois quelqu’un remercier le ciel de s’être réveillé après une nuit de sommeil ou d’avoir échappé de justesse à un accident. Comme si ceux qui y sont restés étaient bien pire chrétiens que lui ou avaient commis je ne sais quelles abominations. Le tremblement de terre est une belle illustration de cette absurdité. J’ai entendu des pasteurs affirmer (au mépris de la science et des lois de la nature) que c’était là une punition. On devrait donc en déduire que ceux qui n’ont pas survécu étaient de redoutables criminels (même les petits enfants). Mais que dira-t-on de ces “bergers du troupeau” qui se sont grassement enrichis sur le dos des victimes du séisme en détournant dons et aides ? Peut-être qu’eux-mêmes, dans leur foi infinie, sont immortels et invulnérables.
L’esprit humain est limité et incapable d’appréhender l’univers dans son immense complexité. Il est dans la nature humaine de rechercher des explications, d’imaginer des relations de causes à effets et de s’inventer des réponses qui donnent un sens à l’existence. La religion est née de cette incompréhension de la nature et de la nécessité de lui donner un but. La spiritualité peut apaiser les inquiétudes et interrogations de l’esprit. Mais dans nos sociétés, la religion est aussi un instrument de contrôle qui prétend dicter ses lois, au nom de Dieu, mais généralement au bénéfice de ceux qui prétendent parler en son nom. À cela je réponds toujours que Dieu, s’il existe, tout-puissant qu’il est, qu’a-t-il à faire d’autant de porte-paroles ?
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